De nombreuses entreprises, notamment les PME et les structures en croissance, rencontrent des difficultés à gérer efficacement leur système d’information : pannes serveurs, absence de sauvegardes automatisées, mises à jour non réalisées, sécurité informatique insuffisante ou support utilisateur peu réactif. Face à ces enjeux techniques et organisationnels, le recours à une entreprise d’infogérance informatique devient une solution de plus en plus répandue. Souvent en arrière-plan, ces sociétés spécialisées jouent pourtant un rôle essentiel dans la performance numérique des organisations. Elles veillent à la continuité des services, à la sécurité des infrastructures et à l’optimisation des outils informatiques. Mais quel est leur véritable rôle ? Quelles sont les missions d’une entreprise d’infogérance informatique, comment ce métier a-t-il évolué, et quelle place occupe-t-il aujourd’hui dans le paysage économique et technologique ? Ce sont ces questions que nous allons explorer en détail.
Définir une entreprise d’infogérance : Un partenaire informatique externalisé
Une entreprise d’infogérance informatique comme Prégérance est en pratique une société spécialisée dans la gestion externalisée des systèmes d’information pour le compte d’autres organisations. Elle agit comme un prestataire de services informatiques, en prenant en charge tout ou partie des opérations liées à l’infrastructure numérique de ses clients : serveurs, réseaux, postes de travail, sécurité informatique, support utilisateurs, sauvegardes de données, solutions cloud ou encore continuité d’activité.
Cette notion d’externalisation informatique ne date pas d’hier. Dès les années 1960, aux États-Unis, certaines grandes entreprises industrielles et bancaires commencent à confier la gestion de leurs systèmes informatiques à des prestataires spécialisés. La création d’Electronic Data Systems (EDS) en 1962 au Texas marque l’un des premiers jalons de ce modèle. À cette époque, l’informatique est centralisée, coûteuse et réservée aux grandes organisations disposant de mainframes. En Europe et plus particulièrement en France, le concept se développe à partir des années 1980, avec l’informatisation progressive des entreprises et l’arrivée des premiers réseaux internes. Des acteurs comme Capgemini (fondée en 1967), Steria (1969) ou encore IBM France commencent à proposer des services d’exploitation informatique pour le compte de tiers. C’est à cette période que le terme « infogérance » s’impose dans le vocabulaire professionnel français, notamment dans les appels d’offres publics et les grands projets industriels.
Concrètement, une entreprise d’infogérance informatique permet à ses clients de se concentrer sur leur activité principale tout en s’appuyant sur un partenaire expert pour piloter et maintenir leur environnement informatique. Cette collaboration repose sur un cadre contractuel précis, généralement pluriannuel, qui définit :
- le périmètre exact des services confiés
- les niveaux de service attendus (SLA)
- les délais d’intervention et de résolution
- les indicateurs de performance
- les responsabilités du prestataire et du client
Avec l’évolution des technologies, le rôle des entreprises d’infogérance s’est considérablement élargi. Dans les années 2000, la généralisation d’Internet haut débit, puis la virtualisation des serveurs, transforme les méthodes de travail. À partir des années 2010, l’essor du cloud computing, porté par des plateformes comme Amazon Web Services (Seattle), Microsoft Azure (États-Unis et Europe) ou OVHcloud (Roubaix), redéfinit en profondeur les services proposés par les entreprises d’infogérance informatique. Aujourd’hui, ces entreprises interviennent aussi bien sur des infrastructures hébergées dans les locaux du client (on-premise) que dans des environnements cloud publics, privés ou hybrides. Elles proposent un large éventail de prestations opérationnelles, parmi lesquelles :
- La surveillance et la maintenance des serveurs 24h/24, afin de garantir une haute disponibilité des services informatiques, de détecter les anomalies en temps réel, d’anticiper les pannes matérielles ou logicielles, et d’assurer la stabilité continue du système d’information ;
- La gestion des incidents informatiques via un helpdesk, avec un centre de support technique disponible à distance ou sur site, permettant de résoudre rapidement les problèmes rencontrés par les utilisateurs, de maintenir la productivité des équipes et d’assurer un suivi structuré des demandes via des outils de ticketing ;
- Le déploiement de solutions de cybersécurité, incluant l’installation et la mise à jour régulière d’antivirus, de pare-feu, de systèmes de détection et de prévention d’intrusion (IDS/IPS), ainsi que l’élaboration de politiques de sécurité adaptées aux besoins et à la sensibilité des données de l’entreprise ;
- La mise en œuvre de politiques de sauvegarde et de reprise après sinistre (PRA), avec la création de plans de sauvegarde automatisés, la réplication des données sur des sites distants et la réalisation de tests réguliers de restauration pour garantir une reprise d’activité rapide et fiable en cas de sinistre ou de cyberattaque ;
- L’administration des réseaux, qu’il s’agisse de la gestion quotidienne des réseaux locaux (LAN), de la mise en place de connexions sécurisées via VPN, de l’optimisation de la couverture Wi-Fi ou encore de l’intégration de solutions de téléphonie IP, afin d’assurer des communications fluides, rapides et sécurisées ;
- L’hébergement d’applications ou de données dans des data centers hautement sécurisés situés en France ou en Europe, conformes aux normes internationales (ISO 27001, HDS, etc.), permettant d’assurer la souveraineté des données, leur accessibilité permanente et leur protection contre les menaces extérieures ;
- La migration vers le cloud et sa gestion quotidienne, en accompagnant l’entreprise dans le choix de solutions cloud adaptées (public, privé ou hybride), en assurant la transition technique sans interruption d’activité, puis en administrant les ressources cloud avec une attention particulière à la performance, à la sécurité et à l’optimisation des coûts d’usage.
Les entreprises d’infogérance informatique accompagnent aujourd’hui des TPE, PME, ETI mais aussi de grands groupes internationaux, dans des secteurs variés comme la santé, l’industrie, la finance, le commerce ou les services. Leur rôle peut être essentiellement opérationnel, ou plus stratégique lorsqu’elles participent à la conception, à l’évolution et à la sécurisation du système d’information du client sur le long terme.
À travers cette évolution historique et technologique, l’entreprise d’infogérance informatique s’est imposée comme un acteur structurant de l’économie numérique, capable d’adapter ses services aux transformations rapides des usages, des réglementations et des enjeux de cybersécurité.

Les origines et l’évolution du métier d’infogérant
Pour comprendre ce qu’est une entreprise d’infogérance informatique aujourd’hui, il est essentiel de revenir sur l’origine du métier d’infogérant, directement liée à l’évolution de l’informatique d’entreprise et aux mutations de l’organisation du travail. Le concept d’externalisation informatique est apparu dans les années 1960 aux États-Unis, une époque marquée par la centralisation des ressources informatiques et le coût très élevé des équipements. En 1962, Ross Perot fonde Electronic Data Systems (EDS) au Texas. L’idée novatrice d’EDS était simple mais puissante : proposer à d’autres entreprises, notamment dans le secteur bancaire et les assurances, de gérer leurs systèmes informatiques à distance. Ce modèle permettait aux clients de ne pas investir dans du matériel coûteux, tout en bénéficiant d’une expertise technique externalisée. Il s’agit là de l’un des tout premiers modèles commerciaux d’infogérance, bien avant l’arrivée du cloud ou des technologies modernes de virtualisation.
Dans les années 1970, ce modèle commence à se développer lentement en Europe. En France, l’informatisation des entreprises débute véritablement à la fin de la décennie, portée par l’État et les grandes entreprises publiques. L’essor de la mini-informatique, puis du PC dans les années 1980, accélère la diffusion de l’outil informatique dans les PME, mais toutes n’ont ni les compétences ni les moyens de gérer leurs nouveaux systèmes en interne. C’est dans ce contexte que le métier d’infogérant émerge. Des sociétés de services informatiques, à l’origine orientées vers le développement ou la vente de matériel, commencent à proposer des prestations de gestion de parc, d’assistance technique et de maintenance. Parmi les pionniers en France, on retrouve des entreprises comme :
- Capgemini, fondée à Grenoble en 1967, qui deviendra un acteur mondial du conseil et de l’infogérance
- Steria, créée en 1969, spécialisée initialement dans les systèmes embarqués et les services aux entreprises publiques
- Groupe Bull, actif dès les années 1930 mais devenu dans les années 1980 un acteur majeur de l’informatique professionnelle en France et en Europe
Durant les années 1980 et 1990, la demande croissante pour des services techniques externalisés s’intensifie avec la multiplication des réseaux locaux, l’essor des logiciels métiers et la complexité croissante des architectures informatiques. C’est à cette période que le mot « infogérance » apparaît et se diffuse dans les contrats publics, les cahiers des charges, et la documentation technique. Cette terminologie, spécifiquement française, reflète une volonté d’encadrer un nouveau métier avec des obligations de moyens et parfois de résultats. Le terme n’a pas d’exact équivalent en anglais, où l’on parle davantage de managed services ou d’IT outsourcing. Les années 2000 marquent une étape clé dans l’évolution du métier. L’arrivée d’Internet haut débit, la baisse du coût des serveurs, la virtualisation (notamment avec VMware dès 1999) permettent aux entreprises d’infogérance de gérer plusieurs clients à distance avec des outils de supervision de plus en plus puissants. Cette période voit la montée en puissance du modèle « centre de services », dans lequel le prestataire mutualise ses ressources techniques et humaines pour plusieurs clients, tout en garantissant des niveaux de service contractuels (SLA).
À partir des années 2010, le métier d’infogérant est profondément transformé par l’essor du cloud computing. L’émergence d’acteurs comme Amazon Web Services (AWS) en 2006, Microsoft Azure en 2010, Google Cloud Platform ou encore OVHcloud en France (fondé à Roubaix en 1999), bouleverse le paysage. Les données ne sont plus seulement hébergées localement, mais migrent vers des environnements distants, modulables, facturés à l’usage. Les entreprises d’infogérance doivent alors se réinventer et acquérir de nouvelles compétences en administration cloud, cybersécurité, automatisation (DevOps) et conformité réglementaire.
Le métier d’infogérant devient alors plus polyvalent, plus stratégique. Il ne s’agit plus uniquement de maintenir un réseau local ou de résoudre des incidents utilisateurs, mais de :
- concevoir des architectures hybrides résilientes (on-premise + cloud) ;
- mettre en place des politiques de cybersécurité proactives ;
- accompagner les migrations vers le cloud public ou privé ;
- garantir la conformité réglementaire (RGPD, ISO 27001, HDS…) ;
- optimiser les coûts d’exploitation et de licence.
Enfin, depuis le début des années 2020, de nouvelles préoccupations viennent renforcer le rôle des entreprises d’infogérance : la cybercriminalité en hausse, les obligations légales de protection des données, l’essor du télétravail, et la transition vers des modèles numériques durables. Ces enjeux placent l’infogérant au cœur des décisions stratégiques liées à l’IT, aux côtés des DSI, directions générales et responsables métiers.

Les rôles, modèles économiques et critères de choix d’une société d’infogérance
Une société d’infogérance informatique occupe aujourd’hui une place centrale dans l’organisation des entreprises, quelle que soit leur taille. Son rôle dépasse largement la simple maintenance technique : elle intervient comme un acteur structurant du système d’information, garant de sa disponibilité, de sa sécurité et de son évolution dans le temps. Selon le niveau de maturité numérique de l’entreprise cliente, ses ressources internes et ses objectifs stratégiques, les sociétés d’infogérance proposent différents modèles d’intervention. Ces formats permettent d’adapter le degré d’externalisation et la nature des services rendus. Voici les principaux modèles d’infogérance proposés sur le marché :
| Modèle d’infogérance | Description | Exemple de clients concernés |
|---|---|---|
| Infogérance globale | Gestion complète du système d’information : infrastructures, postes de travail, logiciels, sécurité, support utilisateurs et accompagnement stratégique. | ETI ou grands comptes sans direction informatique internalisée |
| Infogérance partielle | Prise en charge d’un périmètre ciblé du SI, comme le réseau, la cybersécurité, le support utilisateur ou la sauvegarde des données. | PME disposant d’une équipe informatique réduite |
| Infogérance applicative | Maintenance, supervision et évolution d’applications métiers spécifiques (ERP, CRM, logiciels industriels ou sectoriels). | Entreprises utilisant des outils métiers critiques |
| Infogérance cloud | Administration d’infrastructures cloud publiques, privées ou hybrides, avec optimisation des performances et des coûts. | Startups, entreprises digitalisées ou organisations en transformation numérique |
Au-delà de ces modèles, une société d’infogérance informatique peut jouer plusieurs rôles complémentaires :
- un rôle opérationnel, en assurant la maintenance quotidienne et la résolution des incidents
- un rôle préventif, grâce à la supervision, aux mises à jour et aux audits réguliers
- un rôle conseil, en accompagnant les choix technologiques et l’évolution du SI
- un rôle sécuritaire, face à la montée des menaces informatiques
Le modèle économique d’une société d’infogérance repose sur une logique de services récurrents, pensée pour offrir visibilité budgétaire et stabilité opérationnelle aux entreprises clientes. On retrouve généralement :
- des contrats d’abonnement mensuels ou annuels, couvrant la maintenance, la supervision, le support et la gestion courante
- des prestations ponctuelles, liées à des projets spécifiques comme une migration vers le cloud, un audit de cybersécurité ou le déploiement d’une nouvelle infrastructure
- des services managés facturés à l’usage, en fonction du nombre d’utilisateurs, du volume de données stockées, du trafic réseau ou des ressources cloud consommées
Ce modèle permet aux entreprises de transformer des coûts d’investissement (CAPEX) en coûts de fonctionnement maîtrisés (OPEX), tout en bénéficiant d’un accès continu à des compétences techniques spécialisées.
Le choix d’une société d’infogérance informatique constitue une décision stratégique. Plusieurs critères essentiels doivent être analysés afin de garantir une collaboration durable et efficace :
- La proximité géographique, notamment pour les interventions sur site et la compréhension du contexte local
- Les références clients et retours d’expérience dans des secteurs d’activité similaires
- Les certifications et normes, telles que ISO 27001 pour la sécurité de l’information, ITIL pour la gestion des services, ou HDS pour les données de santé
- La capacité d’évolution du prestataire, afin d’accompagner la croissance de l’entreprise et l’évolution de ses usages numériques
- La qualité du support technique, la disponibilité des équipes et la clarté de la communication
- La transparence contractuelle, notamment sur les niveaux de service, les délais d’intervention et les conditions de réversibilité
Il est également recommandé d’évaluer la capacité de la société d’infogérance à anticiper les évolutions technologiques, qu’il s’agisse de cybersécurité, d’automatisation, de cloud ou de conformité réglementaire. Une relation réussie repose sur une compréhension fine des enjeux métiers du client, et sur une collaboration fondée sur la confiance et la durée.
C.S.
