découvrez le pélican, un oiseau aquatique fascinant, connu pour son grand bec et sa capacité à pêcher. dans cet article, nous vous expliquons sa définition, ses caractéristiques et son habitat, tout en vous dévoilant des anecdotes surprenantes sur cet animal magnifiquement adapté à son environnement.

Qu’est-ce qu’un pélican ? Définition, espèces & habitat

Le pélican est un oiseau aquatique de grande taille appartenant à la famille des Pelecanidae. Il est surtout célèbre pour sa poche gulaire impressionnante, une membrane extensible située sous le bec, utilisée pour capturer et transporter les poissons. Doté d’un aspect à la fois massif et élégant, le pélican est l’un des oiseaux les plus emblématiques des zones humides, des estuaires et des littoraux du globe, concurrent en ce sens du cormoran. Présent sur presque tous les continents, il fascine autant par son anatomie singulière que par son comportement grégaire et spectaculaire lors de la pêche.

Caractéristiques biologiques et classification des pélicans

Le mot pélican provient du grec ancien pelekas, apparenté au terme pelekys signifiant « hache », sans doute en référence à la forme particulière de son bec. Ce nom a traversé les siècles via le latin médiéval pelecanus, avant d’entrer dans les langues européennes modernes. Le pélican appartient à l’ordre des Pelecaniformes et à la famille des Pelecanidae. Il s’agit d’un groupe très ancien, dont les premiers fossiles identifiables remontent à plus de 30 millions d’années, découverts notamment en Égypte et en Europe de l’Est.

Le genre Pelecanus regroupe aujourd’hui huit espèces officiellement reconnues par les ornithologues, réparties sur la quasi-totalité des continents, à l’exception de l’Antarctique. Leurs habitats sont essentiellement situés dans des zones humides riches en poissons, que ce soit en eau douce (lacs, lagunes, marais) ou en milieux côtiers et estuariens.

Les pélicans sont des oiseaux massifs à l’anatomie distinctive. Leur taille varie de 1,30 m à 1,80 m, avec une envergure impressionnante pouvant atteindre plus de 3 mètres chez certaines espèces comme le pélican frisé (Pelecanus crispus). Leur poids se situe généralement entre 4 et 13 kg. Leur bec, très long et légèrement courbé, peut mesurer jusqu’à 50 centimètres. Ce bec est prolongé par une poche gulaire, une sorte de filet extensible qui leur permet de capturer jusqu’à 13 litres d’eau et de poissons d’un seul coup.

Le plumage varie selon les espèces, avec des teintes allant du blanc pur au gris argenté, voire au marron sombre chez le pélican brun. Certaines espèces arborent des taches ou des teintes rosées pendant la période nuptiale. Malgré leur aspect pataud sur terre, les pélicans sont d’excellents nageurs et planeurs, capables de parcourir de longues distances en vol, profitant des courants thermiques pour économiser leur énergie.

Tableau des espèces de pélicans

Voici les huit espèces de pélicans que l’on rencontre sur la planète :

Nom commun Nom scientifique
Pélican blanc Pelecanus onocrotalus
Pélican frisé Pelecanus crispus
Pélican brun Pelecanus occidentalis
Pélican d’Amérique Pelecanus erythrorhynchos
Pélican à bec tacheté Pelecanus conspicillatus
Pélican gris Pelecanus philippensis
Pélican à lunettes Pelecanus conspicillatus
Pélican de Thaïlande (ou indien) Pelecanus fuscus

Chaque espèce possède des adaptations spécifiques à son milieu : par exemple, le pélican brun, typique des côtes atlantiques et pacifiques de l’Amérique, est le seul à plonger en piqué pour capturer sa nourriture, tandis que le pélican blanc d’Amérique utilise une pêche coopérative en groupe pour rabattre les poissons.

Ces distinctions comportementales et morphologiques ont longtemps fasciné les chercheurs, à l’image de Alexander Wetmore, pionnier de l’ornithologie américaine au XXème siècle, qui a consacré de nombreuses études à la taxonomie des pélicans. Aujourd’hui encore, ces oiseaux continuent de susciter l’intérêt scientifique, notamment pour leur rôle dans les écosystèmes aquatiques et leur capacité d’adaptation aux milieux changeants.

Répartition, habitat et comportement des pélicans

Les pélicans occupent une aire de répartition vaste et variée qui couvre de nombreuses régions tropicales, subtropicales et tempérées du globe. En dehors des pôles et de quelques déserts arides, on peut les observer sur tous les continents. En Europe de l’Est, le Pelecanus crispus (pélican frisé) est particulièrement bien représenté dans les zones humides de Grèce, de Bulgarie et de Roumanie, notamment dans la région du delta du Danube, un site de reproduction majeur pour l’espèce. En Afrique, on les retrouve en grand nombre autour des rivières comme le Nil, les lacs de la vallée du Rift (Tanganyika, Victoria, Malawi) ou encore le delta de l’Okavango. En Asie, ils nichent autour des grands lacs d’Inde, du Sri Lanka, du Pakistan et jusqu’aux confins de la Chine. Le Pelecanus occidentalis, quant à lui, est typique des rivages américains, du Golfe du Mexique aux côtes de Californie, en passant par les Caraïbes et les Galápagos.

En matière d’habitat, les pélicans montrent une nette préférence pour les plans d’eau peu profonds et bien fournis en ressources halieutiques. Ils évitent les eaux tumultueuses et les zones trop rocheuses, car leur méthode de pêche exige de la stabilité. Ils peuvent aussi s’adapter aux milieux anthropisés, comme les réservoirs artificiels ou les zones humides aménagées pour l’agriculture ou l’aquaculture, pour peu que la tranquillité des lieux soit assurée pendant la période de nidification. Ils construisent leurs nids à même le sol, sur des îlots, des bancs de sable, ou parfois dans les arbres (notamment chez certaines populations africaines). Le nid est composé de brindilles, de joncs, parfois de plumes et de végétation humide. Une ponte comprend en général 2 à 3 œufs, incubés par les deux parents pendant environ 30 jours.

Les pélicans sont réputés pour leur comportement grégaire. Non seulement ils nichent en colonies denses, mais ils volent, chassent et dorment également en groupe. Lorsqu’ils pêchent ensemble, leur technique collective est d’une efficacité remarquable : ils forment une demi-lune ou un cercle pour encercler les poissons. Chez certaines espèces comme le pélican d’Amérique, ces comportements collectifs sont renforcés par des signaux vocaux et visuels subtils. Leur cri est généralement rauque, mais peu sonore ; ils communiquent surtout par des mouvements de tête, des claquements de bec ou des parades élaborées lors de la reproduction.

Quant à leur vol, il est l’un des plus spectaculaires du monde aviaire. Capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètres en une journée, ils exploitent les courants thermiques ascendants pour planer sur de longues distances, réduisant ainsi leur dépense énergétique. Cette capacité leur permet d’effectuer des migrations transcontinentales dans certains cas. Par exemple, le Pelecanus erythrorhynchos migre du Canada vers le Golfe du Mexique, tandis que le pélican frisé peut quitter les Balkans pour atteindre les zones côtières de Turquie ou d’Afrique du Nord durant l’hiver.

Reproduction, alimentation et longévité des pélicans

La reproduction des pélicans est fortement influencée par la saisonnalité locale, et varie selon les espèces et les régions. Dans l’hémisphère nord, elle a lieu principalement au printemps, tandis que dans les régions tropicales ou subtropicales, elle peut s’étendre tout au long de l’année, en fonction de la disponibilité alimentaire et des conditions hydrologiques. Les colonies de reproduction peuvent compter plusieurs centaines à plusieurs milliers de couples, souvent établies sur des îlots, des bancs de sable ou des berges isolées pour échapper aux prédateurs terrestres.

Les nids sont construits à même le sol ou parfois sur des structures flottantes naturelles ou artificielles, notamment dans les marais ou les lacs peu profonds. Le pélican frisé, par exemple, peut utiliser de vieux nids de cormorans ou de hérons. Les deux parents participent à la construction du nid, composé de roseaux, de branches, d’herbes, de plumes, et parfois de déchets ramassés autour. Une ponte compte généralement 1 à 3 œufs, bien que chez certaines espèces comme le Pelecanus occidentalis, il soit rare que plus d’un jeune atteigne l’envol.

Les œufs, de couleur blanc bleuté, sont incubés pendant environ 28 à 35 jours. Les poussins naissent nus et aveugles, entièrement dépendants de leurs parents. Nourris par régurgitation, ils grandissent rapidement : à 8 à 10 semaines, ils quittent le nid et forment des groupes appelés « crèches », où les jeunes se rassemblent tout en continuant à être nourris par leurs parents. L’envol définitif intervient généralement entre 10 et 14 semaines après l’éclosion. Le plumage adulte met plusieurs mois, voire plus d’un an, à se développer complètement.

Sur le plan alimentaire, les pélicans sont principalement ichtyophages (mangeurs de poissons). Un adulte consomme en moyenne 1 à 1,5 kg de poisson par jour, soit jusqu’à 400 petits poissons. Leur régime peut aussi inclure des amphibiens, crustacés, mollusques et, plus rarement, des petits oiseaux ou œufs dans certaines situations. Leur technique de pêche varie selon les espèces : le pélican blanc (Pelecanus onocrotalus) chasse en groupe, rabattant les bancs de poissons vers les zones peu profondes, tandis que le pélican brun (Pelecanus occidentalis) pratique le plongeon vertical à haute vitesse, une stratégie unique parmi les pélicans.

Grâce à leur exceptionnelle vue perçante, ces oiseaux détectent les proies même en eau trouble ou dans des conditions de faible luminosité. Une fois la proie repérée, ils immergent leur grand bec et capturent leur cible dans la poche gulaire. L’eau est ensuite expulsée avant d’avaler le poisson tête la première pour éviter que ses écailles ou nageoires ne gênent l’ingestion.

En milieu naturel, les pélicans peuvent vivre entre 15 et 25 ans, avec des records de longévité dépassant 30 à 40 ans en captivité, notamment dans des zoos ou centres de sauvegarde. Leur principale menace à l’âge adulte n’est pas la prédation — bien qu’ils puissent être attaqués par les aigles pêcheurs ou de grands rapaces — mais plutôt les perturbations humaines, la pollution, la perte d’habitat et la pêche industrielle qui réduit leur accès aux ressources. Les œufs et les jeunes restent particulièrement vulnérables à la prédation par les renards, serpents, ratons laveurs ou même d’autres oiseaux comme les goélands.

Pour conclure : Un oiseau emblématique au cœur de nombreuses cultures

Le pélican occupe une place singulière dans l’imaginaire collectif depuis l’Antiquité. Il est cité dans la mythologie égyptienne, où il symbolise la protection maternelle et la régénération. Des représentations de pélicans ont été retrouvées sur des fresques funéraires du Nouvel Empire, datant de plus de 3 000 ans, souvent associées aux rituels de renaissance et aux divinités protectrices. Chez les Grecs anciens, l’oiseau était observé avec curiosité, notamment pour sa poche gulaire impressionnante, bien que son symbolisme y soit moins développé que dans les cultures ultérieures.

Mais c’est au Moyen Âge que le pélican gagne une portée allégorique majeure, notamment dans le christianisme médiéval. Une légende véhiculée par des bestiaires européens — comme celui de Pierre de Beauvais au XIIIe siècle — affirme que, lors d’une disette, le pélican se percerait la poitrine avec son bec pour nourrir ses petits de son propre sang. Cette croyance, bien que biologiquement inexacte, s’est profondément ancrée dans la tradition chrétienne, où le pélican devient un symbole eucharistique puissant, représentant le sacrifice du Christ. On retrouve cette iconographie dans les vitraux gothiques, les enluminures de manuscrits religieux, ou encore dans l’architecture des églises comme la cathédrale de Lincoln ou la chapelle de King’s College à Cambridge.

Le pélican s’invite aussi dans l’héraldique européenne. En Angleterre et en Écosse, il est souvent représenté sur les blasons de familles nobles ou d’institutions ecclésiastiques, notamment dans la posture dite du « pélican en sa piété » (pelican in her piety), bec plongé dans la poitrine, entouré de ses petits. Ce motif symbolise la dévotion, la charité, et la capacité à se sacrifier pour autrui — une vertu valorisée dans les ordres monastiques et chevaleresques.

Dans les littératures classiques, le pélican apparaît comme métaphore morale. Geoffrey Chaucer le mentionne dans ses poèmes comme un être noble, et Shakespeare y fait référence dans Hamlet : « To his good friend thus wide I’ll ope my arms / And like the kind life-rendering pelican / Repast them with my blood. » Cette image poétique perdure à travers les siècles, jusqu’aux écrivains contemporains qui en font un emblème d’endurance face à l’adversité.

Dans les temps modernes, le pélican conserve une dimension symbolique forte, notamment dans les cultures régionales. Aux États-Unis, le pélican brun (Pelecanus occidentalis) est devenu l’emblème officiel de l’État de Louisiane, figurant sur son drapeau, son sceau, ses pièces commémoratives et même sur les uniformes de la Garde nationale. Il incarne ici à la fois l’abondance (pêche, prospérité économique) et la résilience face aux tempêtes naturelles. On le retrouve également dans les logos de nombreuses institutions locales, telles que les universités, hôpitaux ou associations écologistes.

Dans l’art contemporain et la photographie animalière, le pélican est célébré pour son allure spectaculaire et ses comportements sociaux fascinants. Des photographes comme Frans Lanting ou Paul Nicklen ont capturé des scènes saisissantes de colonies en chasse ou en vol synchronisé, faisant de l’oiseau un véritable ambassadeur de la biodiversité. En peinture, il inspire des artistes abstraits ou naturalistes, tels que Robert Bateman ou John James Audubon, dont les planches de The Birds of America (1838) comptent parmi les premières représentations scientifiques détaillées du pélican américain.

Ainsi, le pélican ne se limite pas à son impressionnant gabarit ou à ses aptitudes de pêcheur habile : il est devenu un symbole universel, riche de significations sociales, religieuses et artistiques. De l’autel médiéval à l’emblème politique moderne, du mythe au manifeste écologique, il traverse les siècles et les cultures avec une constance remarquable, rappelant la profonde connexion entre l’homme et le monde vivant.