Dans le monde de la construction, certains éléments passent inaperçus malgré leur rôle fondamental dans la solidité et la durabilité des ouvrages et le chevron en bois en fait partie. Utilisé depuis des siècles, il est un pilier discret mais indispensable de nombreuses structures, en particulier dans les charpentes. Que vous soyez bricoleur amateur, futur propriétaire, architecte ou simplement curieux de mieux comprendre la charpente de votre maison, cet article vous plonge dans l’univers du chevron en bois, sa définition, son rôle et ses spécificités.
À quoi sert un chevron en bois dans une construction ?
Le chevron est une pièce de bois longue et étroite, généralement disposée de manière inclinée, qui entre dans la composition de la charpente d’un toit. Sa mission principale ? Soutenir les liteaux (ou voliges), qui eux-mêmes supportent les matériaux de couverture comme les tuiles, les ardoises ou les tôles. Les chevrons sont donc des éléments porteurs, posés perpendiculairement aux pannes, qui répartissent le poids de la couverture vers la structure principale du bâtiment.
Dans une toiture traditionnelle, on retrouve souvent ce schéma hiérarchisé : Les pannes (éléments horizontaux de la charpente) supportent les chevrons, qui soutiennent les liteaux, eux-mêmes supports des matériaux de couverture. Les chevrons jouent un rôle d’intermédiaire entre les grandes structures de la charpente et les éléments visibles du toit.
Outre leur rôle dans la toiture, les chevrons peuvent également être utilisés dans d’autres types de structures, notamment les planchers anciens, les abris de jardin ou certaines constructions bois modernes. Leur présence assure une répartition équilibrée des charges et participe à la stabilité générale de l’ouvrage.
Les différentes caractéristiques techniques des chevrons
Un chevron en bois peut varier en dimensions, en essence de bois et en mode de traitement, selon les besoins du chantier et les contraintes architecturales. Les dimensions standards les plus courantes se situent entre 60 x 80 mm et 80 x 100 mm, avec des longueurs pouvant atteindre plusieurs mètres.
Les essences de bois les plus utilisées sont :
- Le sapin ou l’épicéa, très courant pour les charpentes traditionnelles grâce à leur légèreté et leur prix abordable. Ces bois résineux, disponibles en grande quantité en Europe, présentent une bonne stabilité dimensionnelle et une facilité de mise en œuvre. Bien qu’ils soient naturellement peu résistants aux agressions biologiques, ils peuvent être traités en surface ou en profondeur pour prolonger leur durée de vie. On les utilise particulièrement dans les constructions neuves, les charpentes standards et les ossatures bois ;
- Le pin, apprécié pour sa robustesse, notamment lorsqu’il est traité en autoclave. Ce procédé permet d’imprégner le bois d’un agent protecteur en profondeur, ce qui le rend beaucoup plus résistant à l’humidité, aux champignons et aux insectes. Le pin est donc un excellent choix pour les charpentes exposées aux variations climatiques, les toitures de zones humides ou encore les constructions en extérieur. Il est aussi souvent utilisé pour les structures apparentes car il offre une belle finition une fois poncé ou verni ;
- Le chêne, plus rare car plus onéreux, mais extrêmement solide, adapté aux bâtiments de caractère ou soumis à de fortes contraintes. Ce bois noble, dense et durable, est reconnu pour sa très grande résistance mécanique, sa longévité et sa capacité à supporter de lourdes charges sans se déformer. Il est privilégié dans la restauration de bâtis anciens, les maisons à colombages, les charpentes apparentes de prestige ou les projets architecturaux exigeant un matériau à forte valeur esthétique. Son veinage naturel et sa patine au fil du temps en font aussi un bois recherché pour son cachet.
Le traitement du bois est un autre point essentiel. Un chevron non traité est vulnérable aux attaques d’insectes xylophages, à l’humidité ou encore aux moisissures. C’est pourquoi la majorité des chevrons destinés à une utilisation structurelle sont traités selon des normes précises (classe d’emploi 2 ou 3, selon leur exposition à l’humidité).
La pose des chevrons dépend du type de toiture et de la portée entre les appuis. L’entraxe (espacement entre deux chevrons) varie généralement de 40 à 60 cm. Un bon calepinage (plan de pose) est indispensable pour garantir la bonne répartition des charges et éviter tout affaissement de la couverture.
Pourquoi choisir un chevron en bois plutôt qu’un autre matériau ?
Avec l’essor des matériaux modernes comme le métal ou les composites, on pourrait penser que le bois serait délaissé. Pourtant, le chevron en bois reste une référence dans la construction pour plusieurs raisons.
1. Une ressource naturelle et renouvelable
Le bois, lorsqu’il est issu de forêts gérées durablement, constitue un choix respectueux de l’environnement et s’inscrit parfaitement dans une démarche de construction écoresponsable. Contrairement à des matériaux issus de ressources fossiles ou à forte consommation énergétique comme le béton ou l’acier, le bois est un matériau biosourcé qui nécessite peu d’énergie pour sa transformation. Il possède également la capacité unique de stocker le dioxyde de carbone (CO₂) capté durant sa croissance, contribuant ainsi à réduire l’empreinte carbone globale du bâtiment. De plus, les déchets générés par l’exploitation du bois sont valorisables : copeaux, sciures, écorces ou chutes peuvent être recyclés ou transformés en combustibles, en panneaux ou en paillis. Enfin, lorsque le bois est en fin de vie, il est biodégradable ou recyclable, ce qui le rend bien plus vertueux que d’autres matériaux de construction.
2. Une facilité de mise en œuvre
Travailler le bois reste l’un des grands avantages de ce matériau. Il se découpe, se façonne, se perce et se fixe avec des outils simples et accessibles. Cette souplesse d’intervention est particulièrement utile sur les chantiers où chaque ajustement compte, notamment dans les rénovations ou les constructions sur mesure. Le bois permet également des montages rapides, ce qui réduit les délais de chantier. Son poids relativement faible comparé aux matériaux métalliques ou minéraux facilite aussi la manutention, le transport et l’assemblage sur site. Les artisans, menuisiers et charpentiers y trouvent un confort de travail supérieur, et les autoconstructeurs apprécient de pouvoir intervenir eux-mêmes sur certaines étapes du chantier, sans nécessiter d’équipements lourds ou coûteux.
3. Un excellent rapport résistance/poids
Le bois, et en particulier les essences utilisées pour les chevrons, offre un excellent compromis entre légèreté et robustesse. Cette caractéristique permet de concevoir des structures solides sans alourdir l’ossature générale du bâtiment. C’est un atout majeur dans les zones sismiques ou les constructions sur terrain instable, où la limitation des charges est primordiale. Le bois dispose aussi d’une bonne capacité d’absorption des efforts mécaniques : il fléchit légèrement sans se rompre, ce qui augmente la sécurité et la durabilité de l’ouvrage. Certaines essences comme le chêne ou le douglas offrent une résistance mécanique comparable à certains métaux, tout en étant bien plus faciles à intégrer dans des structures à ossature traditionnelle. Ce ratio résistance/poids avantageux explique en partie pourquoi le bois est encore largement préféré pour les charpentes de toiture, notamment dans les habitations individuelles ou les bâtiments agricoles.
4. Une esthétique chaleureuse
Le bois apporte une touche d’authenticité et de chaleur que peu d’autres matériaux peuvent égaler. Dans le cadre d’une charpente apparente, les chevrons deviennent bien plus que de simples éléments structurels : ils participent pleinement à l’ambiance et au style de l’intérieur. Les veinages naturels, les teintes variées selon l’essence choisie, et la patine qui se forme avec le temps, donnent au bois un charme vivant et évolutif. Dans une maison ancienne rénovée, un chalet de montagne ou même un loft contemporain, les chevrons visibles soulignent la hauteur sous plafond et apportent du caractère à l’espace. Certains maîtres d’œuvre choisissent même de jouer sur le contraste entre des matériaux modernes (béton, verre, acier) et la chaleur du bois pour créer une atmosphère unique. De plus, le bois peut être laissé brut, verni, huilé ou peint, ce qui offre une grande liberté décorative selon les goûts et les tendances.