linguistique définition

Qu’est-ce que la linguistique ? Définition

La linguistique est une discipline fascinante et complexe qui s’étend bien au-delà de ce que la plupart des gens pourraient imaginer lorsqu’ils entendent le terme pour la première fois. Souvent définie comme l’étude scientifique de la langue, la linguistique ne se limite pas à l’étude de la grammaire et de la structure des phrases car elle englobe un vaste champ d’investigation qui explore comment les langues sont formées, comment elles fonctionnent, comment elles changent et évoluent au fil du temps, et comment elles sont perçues et produites par l’esprit humain. Abordons le sujet de la linguistique en détail dans cet article complet.

Aux origines du mot linguistique, son histoire

Le mot féminin « linguistique » trouve ses origines dans le latin « linguisticus« , qui dérive de « lingua » signifiant « langue » ou « langage ». Le terme « lingua » est lui-même d’origine indo-européenne et est apparenté à divers mots dans plusieurs langues européennes qui se réfèrent à la langue en tant qu’organe ou au langage.

Le suffixe « -istique » est utilisé pour former des noms de sciences ou de disciplines, et il est emprunté au grec « –istikos« , qui signifie « relatif à » ou « ayant la nature de ». Par conséquent, « linguistique » peut être littéralement compris comme « la science ou l’étude de la langue ».

Dans l’histoire, la linguistique en tant que domaine d’étude structuré a commencé à se développer au 19e siècle, mais l’intérêt pour le langage et son fonctionnement est beaucoup plus ancien, remontant aux travaux des grammairiens sanskrits comme Pāṇini dans l’Inde ancienne, aux réflexions des philosophes grecs sur le langage, et aux érudits arabes comme Sibawayh qui ont écrit sur la grammaire arabe.

La formalisation de la linguistique en tant que discipline est largement attribuée à Ferdinand de Saussure au début du 20ème siècle, qui a introduit plusieurs concepts fondamentaux qui sont encore au cœur de l’étude linguistique contemporaine. Son enseignement et ses idées ont été compilés par ses étudiants dans le « Cours de linguistique générale », qui a établi la linguistique en tant que domaine autonome et a posé les bases du structuralisme en linguistique.

Ainsi, le terme « linguistique » s’est solidifié dans le vocabulaire académique pour désigner la science consacrée à l’étude du langage sous tous ses aspects, de la phonétique et de la morphologie à la sémantique et à la pragmatique, englobant aussi bien l’histoire des langues que les théories sur l’acquisition et l’utilisation du langage.

L’Histoire de la linguistique est riche

Quelques linguistes célèbres

La trajectoire historique de la linguistique est ponctuée par les contributions de figures emblématiques dont les théories et découvertes ont façonné le domaine. Parmi eux, Jacob Grimm se distingue comme un pionnier, dont les recherches sur les changements phonétiques dans les langues germaniques ont ouvert la voie à la linguistique historique. Son travail méticuleux a abouti à la formulation de la loi de Grimm, une percée significative qui a marqué un tournant dans la compréhension des langues indo-européennes.

Dans le sillage de Grimm, d’autres linguistes comme Karl Verner, August Schleicher et Johannes Schmidt ont respectivement apporté leur contribution avec la loi de Verner, la théorie de l’arbre généalogique des langues et la théorie des vagues. Ces théories ont donné une structure et une explication aux évolutions linguistiques, permettant de tracer les origines et les transformations des langues à travers le temps.

Un linguiste très influent : Ferdinand de Saussure

A partir du XXème Siècle

Le tournant du vingtième siècle a vu émerger Ferdinand de Saussure, souvent considéré comme le père de la linguistique moderne. Saussure a établi les fondements du structuralisme en linguistique, une approche qui envisage le langage comme un système de signes interdépendants, ouvrant une nouvelle voie pour l’analyse linguistique.

En parallèle, l’Américain Edward Sapir a marqué la discipline par son approche anthropologique, développant la théorie du relativisme linguistique qui explore le rôle du langage dans la représentation symbolique du monde.

La phonologie, branche de la linguistique dédiée à l’étude des sons du langage comme on l’a vu plus haut, doit beaucoup à Roman Jakobson, l’un des piliers du formalisme russe et du Cercle linguistique de Prague dans les années 1920. Ses idées continuent d’influencer l’étude des structures phonétiques des langues. Gustave Guillaume, quant à lui, a proposé une perspective phénoménologique sur le langage, s’écartant des théories de Saussure et influençant plusieurs générations de linguistes après lui avec ses travaux sur la temporalité et la structure verbale.

Noam Chomsky est sans doute l’un des linguistes les plus influents et célèbres du XXème siècle, connu pour sa théorie de la grammaire générative et transformationnelle. Son approche a révolutionné la compréhension de la capacité linguistique innée et de la cognition humaine.

En France, il faut rappeler que André Martinet s’est imposé comme une figure de proue du fonctionnalisme, tandis qu’Antoine Culioli et Lucien Tesnière ont également contribué de manière significative à la linguistique structurale et à la théorie des actants.

Par ailleurs, l’accessibilité de la linguistique au grand public a été grandement facilitée par des auteurs comme Henriette Walter, Umberto Eco et Jean-Marie Klinkenberg, dont les écrits ont démocratisé les concepts linguistiques complexes. Enfin, il est important de reconnaître l’impact de Roman Jakobson au-delà de la phonologie, notamment par son modèle de communication qui a établi un lien clair entre la linguistique et les processus de communication, en définissant les fonctions du langage dans le contexte de la communication.

Les différentes branches de la linguistique

La linguistique se divise en plusieurs sous-disciplines, chacune se concentrant sur un aspect différent de la langue :

La Phonétique et la Phonologie

La phonétique et la phonologie constituent deux branches fondamentales de la linguistique qui se concentrent sur l’élément sonore de la langue humaine, mais chacune aborde le sujet sous un angle différent. Pour explorer ces domaines, il faut d’abord remonter à leurs origines et à leur développement en tant que disciplines scientifiques.

Ainsi, l’intérêt pour les sons de la parole remonte à l’Antiquité, avec des philosophes tels que Platon et Aristote réfléchissant sur les différences entre les sons des mots et leur signification. Cependant, la phonétique en tant que discipline scientifique a véritablement pris son essor au 19e siècle avec l’avènement de l’enregistrement sonore. Les phonéticiens pouvaient enfin analyser les sons de la parole de manière systématique et répétable, ce qui a conduit à une meilleure compréhension de la production vocale et de ses variations.

La phonologie, quant à elle, s’est développée comme un domaine distinct un peu plus tard, dans le cadre des travaux des linguistes structuralistes au début du 20e siècle, notamment ceux de Ferdinand de Saussure et plus tard de Roman Jakobson. Ces chercheurs se sont intéressés à la manière dont les sons fonctionnent dans la langue pour différencier le sens, posant les bases de la phonologie moderne.

La phonétique : La science des sons

La phonétique est souvent considérée comme la branche la plus concrète de la linguistique car elle s’occupe de l’étude des sons de la parole d’un point de vue physique et biologique. Les phonéticiens étudient la manière dont les sons sont produits par les organes de la parole (phonétique articulatoire), comment ils sont transmis dans l’air (phonétique acoustique) et comment ils sont reçus et perçus par l’oreille humaine (phonétique auditive).

  • La phonétique articulatoire : Elle s’intéresse à la façon dont les différents organes vocaux tels que les lèvres, la langue, le palais et les cordes vocales interagissent pour produire les sons de la parole ;
  • La phonétique acoustique : Elle analyse les propriétés physiques des ondes sonores produites lors de la parole, comme la fréquence, l’amplitude et la durée ;
  • La phonétique auditive : Elle étudie la perception des sons de la parole, s’intéressant à la manière dont le cerveau traite les informations acoustiques.

La phonologie : La fonction des sons

Tandis que la phonétique se focalise sur les sons en eux-mêmes, la phonologie étudie la façon dont ces sons sont organisés dans l’esprit et fonctionnent au sein d’une langue particulière ou entre les langues. La phonologie s’intéresse aux modèles et aux règles qui dictent l’utilisation des sons pour former des mots et des significations :

  • Les phonèmes : Les unités de base de la phonologie sont les phonèmes, les plus petites unités sonores distinctives qui peuvent apporter un changement de signification dans un mot ;
  • Les traits distinctifs : La phonologie analyse également les traits sonores qui différencient les phonèmes, tels que la voix, la nasalité, ou la place d’articulation ;
  • Les règles phonologiques : Elle considère les règles qui déterminent comment les sons peuvent être combinés et comment ils changent dans différents contextes linguistiques.
La phonétique et la phonologie étaient déjà étudiées durant l’Antiquité

La morphologie

La morphologie, l’un des champs de la linguistique, s’attache à décomposer et à comprendre la structure interne des mots. Elle se penche sur la manière dont les mots sont construits à partir de leurs composants les plus élémentaires, les morphèmes, et analyse les règles régissant la formation des mots. À travers cette discipline, les linguistes cherchent à saisir comment la langue encapsule des significations dans des formes réduites et modulables.

Le terme « morphologie » a été introduit pour la première fois dans le contexte de la linguistique par le philologue allemand August Schleicher en 1859. Il l’a dérivé du grec « morphê » signifiant forme, et « logos » signifiant parole ou raison. La morphologie s’est développée comme une branche distincte de la linguistique au XIXe siècle, lorsque les linguistes ont commencé à s’intéresser non seulement aux sons des langues (phonologie et phonétique) mais aussi à leur structure interne.

Les morphèmes : Les unités de base de la morphologie

Les morphèmes sont les plus petits éléments sémantiques ou grammaticaux de la langue qui portent du sens. Ils sont le fondement de l’étude morphologique. Les morphèmes incluent:

  • Les racines : Ce sont les morphèmes qui portent le sens de base d’un mot et ne peuvent généralement pas être réduits davantage ;
  • Les affixes : Ils peuvent être préfixes, infixes, suffixes ou circonfixes, et modifient le sens ou la fonction des racines auxquelles ils s’attachent ;
  • Les allomorphes : Les variations d’un même morphème qui changent en fonction du contexte linguistique sans altérer le sens de base.

La formation des mots et la structure des mots

La morphologie examine comment les morphèmes s’assemblent pour former des mots. Cette fusion peut se manifester sous différentes formes:

  • Dérivation : La création de nouveaux mots par l’ajout d’affixes, changeant potentiellement la catégorie grammaticale d’un mot ;
  • Flexion : La modification des mots pour exprimer des variations grammaticales comme le temps, le cas, le genre, le nombre, etc.
  • Composition : La combinaison de deux ou plusieurs mots pour former un nouveau mot avec un sens distinct ;
  • Cliticisation : L’attachement de petits éléments, appelés clitics, à des mots pour exprimer des relations grammaticales.

L’importance de la morphologie en linguistique

La morphologie n’est pas seulement l’étude de la structure des mots, mais aussi celle de leur fonction dans la langue. Elle explique comment les mots transmettent de l’information de manière économique et systématique. En analysant la morphologie d’une langue, on peut en apprendre davantage sur sa syntaxe (structure de la phrase) et sa sémantique (étude de la signification).

L’étude de la morphologie fait partie de la linguistique

La syntaxe

La syntaxe est une branche fondamentale de la linguistique qui se concentre sur l’agencement des mots en phrases et en structures plus larges, révélant comment les langues organisent et systématisent la combinaison des mots pour communiquer des significations complexes. Elle s’intéresse non seulement à la séquence des mots, mais aussi aux relations entre eux et aux règles qui régissent ces configurations.

La syntaxe, en tant que terme et domaine d’étude, trouve ses origines dans la Grèce antique avec les travaux de grammairiens comme Denys le Thrace. Cependant, c’est avec l’avènement de la linguistique moderne, notamment avec les travaux de Noam Chomsky dans les années 1950, que la syntaxe a gagné une reconnaissance significative. Chomsky a introduit le concept de « grammaire générative », une théorie selon laquelle chaque langue possède un ensemble inné de règles structurales qui définissent les combinaisons possibles de mots.

Les constituants syntaxiques

La syntaxe s’appuie sur la notion de « constituants », qui sont des groupes de mots fonctionnant comme une unité au sein d’une phrase. Ces constituants incluent:

  • Les phrases : Comme les phrases nominales (NP) ou verbales (VP), qui regroupent un nom et un verbe respectivement, avec leurs modifieurs ;
  • Les clauses : Des unités plus grandes qui contiennent un sujet et un prédicat et qui peuvent être indépendantes ou dépendantes ;
  • Les structures de phrase : Des schémas qui illustrent la façon dont les différents constituants s’articulent pour former des phrases grammaticalement correctes.

La structure profonde et la structure de surface

La syntaxe étudie également la distinction entre la structure profonde, qui représente la signification fondamentale d’une phrase, et la structure de surface, qui est la manière dont cette signification est exprimée verbalement. Cette distinction aide à comprendre comment différentes structures de surface peuvent découler d’une même structure profonde grâce à diverses transformations syntaxiques.

Les règles syntaxiques et les transformations

Les règles syntaxiques sont des conventions qui déterminent l’ordre correct des mots et la formation des phrases. Ces règles varient considérablement d’une langue à l’autre, certaines privilégiant un ordre sujet-verbe-objet (SVO) tandis que d’autres peuvent utiliser un ordre sujet-objet-verbe (SOV) ou d’autres combinaisons.

L’importance de la syntaxe en linguistique

La syntaxe est nécessaire pour comprendre comment les langues véhiculent le sens et structurent l’information. Une syntaxe bien formée permet une communication claire et efficace, tandis qu’une syntaxe mal formée peut entraîner ambiguïté et confusion. Elle joue un rôle essentiel dans l’acquisition du langage, l’analyse linguistique et l’élaboration d’applications telles que la traduction automatique et le traitement automatique du langage naturel.

L’étude de la syntaxe se fait bien entendu aussi à l’école

La sémantique

La sémantique, une composante vitale et originale de la linguistique, se consacre à l’étude du sens dans le langage. C’est une enquête sur la manière dont nous attribuons la signification aux mots, aux phrases et, plus largement, aux textes et discours. Elle s’intéresse à l’interprétation des signes linguistiques par l’esprit humain et à la façon dont la communication de ces signes affecte et est affectée par le contexte.

Le terme « sémantique » provient du grec « semantikos », signifiant « significatif ». Les préoccupations sémantiques remontent à la philosophie antique, notamment avec Platon et Aristote qui s’interrogeaient déjà sur le rapport entre les mots et leurs significations. Toutefois, c’est au 19ème siècle que la sémantique a commencé à se formaliser en tant que discipline avec des figures telles que Ferdinand de Saussure, qui a établi la distinction fondamentale entre le signifiant (la forme sonore d’un mot) et le signifié (le concept auquel il se réfère). Lorsque l’on parle des évolutions sémantiques, on fait référence à une autre discipline qui s’appelle l’étymologie.

Les composantes de la Sémantique

Elles sont plusieurs évidemment :

  • La sémantique lexicale : Elle se focalise sur le sens des mots et leur organisation en champs sémantiques. Par exemple, le champ sémantique de « mouvement » comprend des mots comme « marcher », « courir », et « sauter » ;
  • La sémantique des phrases : Elle examine comment les mots se combinent pour créer des significations nouvelles et complexes dans les phrases ;
  • La polysemie et l’ambiguïté : La sémantique traite de phénomènes tels que la polysemie (un mot ayant plusieurs significations) et l’ambiguïté (quand une phrase peut avoir plusieurs interprétations) ;
  • La pragmatique : Bien que distincte puisque l’on en parle plus loin dans le sujet, la pragmatique est étroitement liée à la sémantique. Elle étudie comment le contexte influence le sens, par exemple, comment le sarcasme ou l’ironie peuvent inverser la signification littérale d’une phrase (à ne pas confondre avec le fait d’être pragmatique).

Les méthodes et applications de la sémantique

Les sémanticiens utilisent diverses méthodes pour étudier le sens, y compris l’analyse contextuelle, la décomposition sémantique et l’analyse des relations de sens comme la synonymie, l’antonymie, l’hyponymie, etc. La sémantique a des applications pratiques dans la création de dictionnaires, l’enseignement des langues, la traduction automatique, et dans le domaine de l’intelligence artificielle, notamment dans la compréhension du langage naturel.

La stylistique comme branche de la linguistique

La stylistique est une branche de la linguistique qui se concentre sur l’interprétation des choix linguistiques effectués dans des textes littéraires et non littéraires. Elle se penche sur le style, considéré comme l’ensemble des procédés spécifiques par lesquels les auteurs expriment leurs idées, évoquent des émotions ou construisent leur discours. La stylistique s’intéresse à la manière dont l’utilisation particulière de la langue dans un énoncé peut produire des effets de sens ou émotionnels chez le lecteur ou l’auditeur.

La réflexion sur le style remonte aux rhétoriciens grecs et latins, tels qu’Aristote, Cicéron et Quintilien, qui considéraient l’art de bien parler et d’écrire comme essentiel à la persuasion. À l’époque moderne, la stylistique s’est établie comme une discipline académique au début du 20ème siècle, avec des linguistes déjà évoqués comme Roman Jakobson qui ont appliqué des outils linguistiques à l’analyse du style littéraire.

Les principes de la stylistique

Les voici en détail :

  • La variation stylistique : Un style peut être considéré comme un écart par rapport à une norme linguistique ou comme une variation parmi d’autres dans l’usage de la langue. La stylistique examine ces variations pour comprendre comment elles contribuent à la singularité d’un texte ;
  • La figures de style : Les figures de rhétorique, comme la métaphore, la métonymie, l’ironie ou la litote, sont des éléments clés analysés en stylistique pour déceler comment elles influencent la réception d’un texte ;
  • La cohérence et cohésion : L’étude de la manière dont les choix stylistiques contribuent à la cohérence thématique d’un texte ou à la cohésion entre ses différentes parties ;
  • Les niveaux de Langue : L’analyse des niveaux de langue (familier, standard, soutenu) et de leur effet dans un énoncé.

Méthodes et applications de la stylistique

Les stylisticiens emploient des méthodes variées, incluant l’analyse quantitative de caractéristiques comme la fréquence des mots et des structures syntaxiques, ainsi que l’analyse qualitative des effets produits par diverses figures de style. La stylistique est utilisée dans l’enseignement de la littérature pour aider les étudiants à apprécier les nuances d’un texte, en critique littéraire pour évaluer l’art d’un écrivain, et même en traduction pour conserver les effets stylistiques d’une langue à l’autre.

Les applications concrètes de la sémantique

Il existe de nombreuses applications liées à cette branche de la linguistique. On peut citer :

  • La traduction automatique et le traitement du langage naturel : La sémantique joue un rôle crucial dans le développement des technologies de traitement automatique du langage naturel (acronyme TALN), notamment la traduction automatique. Pour qu’un système informatique traduise correctement le sens d’un texte d’une langue à une autre, il doit comprendre les nuances sémantiques des mots et des expressions dans leur contexte. Les algorithmes sémantiques avancés permettent aux traducteurs automatiques comme Google Translate d’analyser les phrases et de produire des traductions qui non seulement reproduisent le contenu lexical mais aussi le sens voulu par l’auteur original ;
  • La recherche d’information et les moteurs de recherche : Les moteurs de recherche sur Internet exploitent la sémantique pour améliorer la pertinence des résultats fournis aux utilisateurs. En allant au-delà de la simple correspondance de mots-clés, les moteurs de recherche sémantiques s’efforcent de comprendre l’intention de l’utilisateur et le contexte des termes recherchés pour fournir des informations plus précises et pertinentes. Cette compréhension sémantique aide également dans le filtrage et la catégorisation automatique de l’information ;
  • L’Intelligence Artificielle (IA) et la robotique : Dans le domaine de l’intelligence artificielle, la sémantique est essentielle pour créer des machines qui peuvent interpréter correctement les instructions humaines et y répondre de manière appropriée. Les robots comme celui de Google par exemple et les assistants vocaux intelligents, par exemple, doivent comprendre le sens des commandes pour agir de façon adéquate. Cela inclut la capacité à traiter le langage naturel et à gérer l’ambiguïté sémantique qui est souvent présente dans la communication humaine ;
  • L’enseignement des Langues et la Lexicographie : L’enseignement des langues bénéficie grandement de la sémantique pour aider les apprenants à comprendre non seulement le sens des mots isolés mais aussi leur utilisation dans des contextes variés. De plus, dans le domaine de la lexicographie, la sémantique est fondamentale pour la création de dictionnaires et d’outils pédagogiques qui expliquent les nuances de sens et les emplois des mots dans différentes situations ;
  • La jurisprudence et l’analyse de textes légaux : La sémantique est également appliquée dans le domaine juridique pour interpréter les textes de loi et les contrats. La précision sémantique est essentielle pour éviter les ambiguïtés et pour s’assurer que les textes légaux sont interprétés correctement. Les outils sémantiques aident les juristes à analyser la législation et la jurisprudence pour en extraire des interprétations précises ;
  • Le marketing et l’analyse de sentiments : En marketing, la sémantique est utilisée pour analyser les sentiments exprimés dans les commentaires et les critiques des consommateurs. En comprenant le sens derrière les mots, les entreprises peuvent obtenir des informations précieuses sur les attitudes des consommateurs envers leurs produits et services, ce qui leur permet d’ajuster leurs stratégies en conséquence.
Les applications en sémantique sont nombreuses

La pragmatique en linguistique

La pragmatique est une branche essentielle de la linguistique qui se focalise sur l’étude de l’utilisation des énoncés dans leur contexte d’énonciation, en tenant compte non seulement de leur sens littéral mais aussi de leurs implications et de la manière dont ils sont compris et employés dans les interactions réelles. Elle examine comment les locuteurs utilisent le langage dans des situations concrètes pour réaliser des actions spécifiques, comme promettre, ordonner, s’excuser, ou poser des questions, et comment ces actes de parole sont interprétés par les auditeurs.

Les origines de la pragmatique remontent aux philosophes du langage du début du 20ème siècle, tels que Charles Morris et plus tard John L. Austin et John Searle, qui ont développé la théorie des actes de parole. Ces théoriciens ont posé les fondations en distinguant les aspects du langage qui vont au-delà de la structure grammaticale et du sens lexical.

Les concepts clés de la Pragmatique

On peut en dénombrer quatre :

  1. Les actes de Parole : Austin a introduit la notion qu’un énoncé ne se contente pas de décrire une situation mais peut aussi réaliser une action (par exemple, dire « Je vous promets » réalise l’action de promettre) ;
  2. Les implicatures : Le philosophe H. P. Grice a développé le concept d’implicature pour expliquer comment les gens parviennent à communiquer des significations qui ne sont pas explicitement dites mais implicites dans le contexte ;
  3. Les présuppositions : Les présuppositions sont des aspects du sens qui restent implicites dans un énoncé mais qui sont pris pour acquis par les locuteurs et les auditeurs ;
  4. Politesse et Face : La théorie de la politesse de Brown et Levinson analyse comment les locuteurs gèrent la « face » sociale, c’est-à-dire l’image de soi et le respect de l’autre dans la communication.

Les méthodes d’analyse en Pragmatique

Pour étudier la pragmatique, les linguistes se concentrent sur l’analyse de discours et l’interaction sociale, examinant des données authentiques telles que les conversations, les textes écrits, et même les échanges numériques. Les méthodes incluent l’analyse qualitative des échanges pour comprendre comment le contexte et l’intention des locuteurs influencent le sens des énoncés.

Les applications de la Pragmatique

La pragmatique a des applications pratiques dans de nombreux domaines, notamment dans l’enseignement des langues où elle aide les apprenants à utiliser le langage de manière appropriée dans différents contextes sociaux. Elle est également utilisée dans le domaine de l’intelligence artificielle et des systèmes de communication homme-machine en informatique pour améliorer la capacité des machines à comprendre et à produire un langage naturel qui est contextuellement approprié.

La pragmatique est une branche importante en Linguistique

La cohérence en linguistique

La cohérence dans le domaine de la linguistique est un concept qui se rapporte à la manière dont différents éléments d’un texte ou d’une conversation sont connectés pour former un ensemble significatif et unifié. L’étude de la cohérence s’inscrit dans le traitement du langage naturel et la compréhension de comment les humains assemblent les informations pour produire ou interpréter un discours logique et fluide.

L’intérêt pour la cohérence remonte à l’antiquité avec les travaux de rhétorique, mais c’est avec le développement de la linguistique textuelle dans la seconde moitié du 20ème siècle que le concept a été formellement analysé. Les travaux de linguistes comme Halliday et Hasan ont été pionniers dans l’identification des mécanismes de cohésion textuelle, qui sont essentiels à la cohérence.

Les concepts importants de la Cohérence

Là encore, nous pouvons en citer quatre principaux :

  1. La cohésion : Il s’agit de l’ensemble des liens linguistiques qui relient les phrases et les paragraphes entre eux (connecteurs, anaphores, etc.). La cohésion est souvent considérée comme la base de la cohérence.
  2. La logique et les inférences : La cohérence est également assurée par la logique sous-jacente du discours et la capacité des interlocuteurs à faire des inférences, c’est-à-dire à comprendre des éléments non explicitement mentionnés mais logiquement impliqués ;
  3. La structure du discours : La manière dont un texte ou une conversation est structurée, avec une introduction, un développement et une conclusion, contribue aussi à la cohérence ;
  4. La connaissance du monde et du contexte : La cohérence dépend en grande partie de la connaissance partagée entre les locuteurs et du contexte dans lequel le discours se déroule.

Les méthodes d’analyse de la Cohérence

Les analyses de cohérence s’appuient sur l’examen des textes écrits et des transcriptions de conversations pour identifier les marqueurs de cohésion et pour comprendre comment les interlocuteurs construisent et interprètent le discours. Les chercheurs utilisent souvent des logiciels d’analyse de texte et des modèles computationnels pour étudier la cohérence à grande échelle.

Les applications de l’étude de la Cohérence

La cohérence est un aspect crucial dans l’enseignement de la rédaction et de la communication orale. Dans le domaine technologique, la recherche sur la cohérence est appliquée pour améliorer les systèmes de traitement automatique du langage, tels que les traducteurs automatiques, les chatbots et autres interfaces conversationnelles.

La cohérence en linguistique : La dernière branche théorique

L’apparition de nouvelles branches en linguistique

Avec l’évolution des sociétés et l’approfondissement de notre compréhension du langage, la linguistique s’est diversifiée pour englober de nouvelles branches qui examinent le phénomène langagier sous différentes perspectives. Citons :

  • La sociolinguistique est un domaine fascinant qui tisse des liens entre le langage et la société. En étudiant la manière dont la langue varie et évolue dans différents contextes sociaux et culturels, elle éclaire sur la façon dont les individus utilisent la langue pour marquer leur identité et leur appartenance à un groupe social. Cette branche considère la langue non pas comme un système isolé, mais comme un outil vivant, façonné par et révélateur des dynamiques sociales. Elle s’intéresse par exemple à la manière dont le dialecte ou l’accent d’une personne peut influencer la perception des autres et les opportunités qui lui sont offertes, ou encore à la manière dont le langage peut refléter et renforcer les structures de pouvoir dans une société ;
  • De son côté, la psycholinguistique se concentre sur l’individu, explorant les mécanismes psychologiques et neurobiologiques qui sous-tendent l’acquisition du langage, ainsi que la compréhension et la production du discours. Cette discipline s’intéresse à des questions telles que la manière dont les enfants apprennent leur langue maternelle avec une facilité apparemment naturelle, ou comment le cerveau parvient à transformer des pensées abstraites en paroles articulées et vice versa. Les chercheurs en psycholinguistique utilisent une variété de méthodes, des expériences comportementales aux techniques d’imagerie cérébrale, pour percer les secrets de la boîte noire du traitement du langage ;
  • La linguistique appliquée, quant à elle, se situe à l’intersection de la théorie linguistique et de la pratique. Ce domaine vise à résoudre des problèmes concrets dans la vie des gens, qu’il s’agisse de développer de meilleures méthodes pour enseigner et apprendre des langues, de créer des dictionnaires plus complets et des outils de référence, de faciliter la communication entre les cultures par la traduction, ou encore d’aider les personnes souffrant de troubles de la parole. Elle prend appui sur les connaissances accumulées par les autres branches de la linguistique pour les appliquer de manière pragmatique. Par exemple, en s’appuyant sur les découvertes de la psycholinguistique, les enseignants peuvent mieux comprendre comment les étudiants acquièrent une langue seconde et ainsi adapter leurs méthodes pédagogiques pour être plus efficaces dans l’apprentissage d’une langue lors d’un voyage linguistique.

Ces nouvelles branches de la linguistique ne sont que quelques exemples des nombreux chemins qu’a empruntés la discipline au fur et à mesure de son évolution. Chaque branche apporte sa propre perspective et ses outils uniques pour enrichir notre compréhension globale du langage et son utilisation dans le monde réel. La linguistique, en tant que science, continue de se développer et de s’adapter, reflétant la nature dynamique et complexe du langage lui-même.

Les nouvelles branches de la linguistique

Pour aller plus loin : Langage et Genre dans la Recherche Linguistique

La linguistique s’intéresse au genre en tant que phénomène socioculturel et linguistique, examinant l’impact des normes de genre sur le langage. Initialement, les études linguistiques sur le genre étaient ancrées dans une perspective qui soulignait les déficits linguistiques présumés des femmes par rapport aux hommes, avec des stéréotypes selon lesquels les femmes avaient un vocabulaire moins étendu et un style de langage « faible ». Ces idées sexistes ont perduré jusqu’aux années 1970.

La remise en question de ces paradigmes est venue de l’anthropologie linguistique, qui a exploré la domination masculine à travers le langage et a montré que les différences entre le parler masculin et féminin dans différentes cultures étaient souvent basées sur des stéréotypes sexistes. Des recherches similaires ont été menées sur l’identification d’un parler spécifique aux communautés gay et lesbienne, mais cette approche a été critiquée pour son postulat d’une identité homosexuelle universelle.

Un tournant significatif s’est produit avec la publication de « Language and Women’s Place » par Robin Lakoff en 1975, qui a analysé les pratiques linguistiques des femmes comme étant le résultat de la domination masculine. Ce travail a marqué le début des études de genre en linguistique aux États-Unis. Les différences de style de communication entre les sexes ont été explorées par la suite, mettant en évidence des compétences communicationnelles différenciées dues à des socialisations distinctes, comme le suggère Deborah Tannen dans son livre populaire « You Just Don’t Understand ! » en 1993.

Dans le monde francophone, des recherches ont examiné le sexisme inhérent à la langue française, avec des travaux féministes qui ont interrogé les liens entre langue, genre, sexisme et sexualité. Marina Yaguello, par exemple, a exploré l’aliénation linguistique des femmes dans les années 1970. Le débat sur la féminisation des noms de métiers a pris de l’ampleur au Québec, en Suisse, en Belgique et en France dès les années 1980. Des études ultérieures ont analysé les stéréotypes linguistiques et les stratégies conversationnelles, la sémantique et la lexicologie, révélant les asymétries et les désignations péjoratives liées au genre. Ces travaux ont fait le lien entre la marginalisation linguistique du féminin et la marginalisation sociale des femmes.

Des ouvrages importants tels que « Langage, genre et sexualité« , « Intersexion : langues romanes, langues et genre » et « La face cachée du genre. Langage et pouvoir des normes«  ont marqué des étapes clés dans la recherche française sur le genre et la linguistique, soulignant comment les normes de genre sont inscrites et perpétuées dans le langage.

La linguistique queer (voir aussi notre sujet sur LGBTQIA+) a ensuite élargi le champ d’étude en questionnant la binarité du genre et les systèmes de catégorisation, se concentrant sur la façon dont les normes de genre sont construites et déconstruites dans la langue et le discours.

Pour conclure le sujet sur la linguistique

Bien entendu, la linguistique est un domaine d’étude dynamique et en constante évolution qui a des implications significatives non seulement pour la compréhension de la langue mais pour de nombreuses facettes de la société à l’instar d’autres disciplines très différentes comme l’algèbre. En soi, la linguistique est une clé pour déchiffrer le code de notre principale modalité de communication, et elle continue de façonner notre monde de manière fondamentale et souvent invisible alors même qu’elle a une dimension centrale dans la société, dans la politique, dans es arts, dans l’économie et dans la fraternité entre les peuples.

R.C.